Théâtre de Carouge

Installée à Versailles, la troupe de Molière, l’Illustre Théâtre, s’est remise au travail et répète une nouvelle comédie pour l’ouverture des Plaisirs de l’île enchantée. C’est alors qu’elle apprend la mort d’un acteur. Excommunié pour avoir pratiqué son métier, il vient d’être conduit à la fosse commune…

Terrassé et contre l’avis de ses compagnons, Molière entreprend l’écriture d’une nouvelle pièce pour le roi, réveillant la querelle entre l’Église et le Théâtre. Tartuffe voit le jour, jetant un voile sur la vie de l’auteur. Les ombres rôdent.

L'artiste et le pouvoir

Et s’il n’y avait pas eu Tartuffe ? Eh bien, il n’y aurait pas eu Molière.

L’auteur et sa troupe sont à Versailles, ils se croient protégés par le Roi-Soleil. Ils peuvent enfin pratiquer leur art sans être inquiétés. Pourquoi alors s’en prendre au réseau des catholiques intégristes au sommet de l’État ? C’est à ce moment que Molière entre dans l’Histoire posant pour la première fois avec acuité la question de la liberté d’expression et du rapport de l’artiste au pouvoir. Molière, notre contemporain.
Après Calvin, après Rousseau, après Jaurès, Dominique Ziegler propose ici une fiction historique retraçant les événements publics, artistiques et privés d’un homme petit et grand, irascible et drôle, libertin et libertaire, un homme tout simplement. Molière, toujours campé au bord de la scène devant nous et avec nous, déroule l’histoire à sa manière.
Des tentures rouges pour tout décor – couleur du théâtre, mais aussi couleur honnie par les bigots – des costumes d’époque, mais surtout six comédiens époustouflants qui s’emparent des alexandrins polis inlassablement pendant trois ans par Dominique Ziegler. C’est drôle, fluide, naturel, cinglant, provocateur parfois : ils réussissent l’exercice périlleux de rester toujours dans l’ombre de Molière sans jamais le pasticher.